Les retours à la vie


Les retours à la vie

Chaque matin, quand les premiers rayons du soleil effleurent la terre, certaines formes de vie mortes la veille reprennent vie. Ce phénomène n’a rien à voir avec la magie pervertie des nécromanciens, car, ici, l’être revient réellement à l’état de vivant.

A l’aube, le corps sans vie disparait dans un souffle de poussière et un nouveau corps se matérialise. Cette grâce est appelée « delenvir » en langue ancienne. Elle peut toucher toute forme de vie, de l’arbrisseau à l’éléphant, en passant par les différentes races pensantes de l’île. À l’aube, des fleurs piétinées se redressent, des chevaux déjà entamés par les corbeaux se relèvent, des voyageurs démembrés au fond d’une crevasse reprennent leurs esprits, hébétés mais entiers.

Le delenvir ne laisse jamais la chair sans séquelles. Il faut parfois des mois aux anciens défunts pour maîtriser leur corps comme avant leur mort. Les plantes et les arbres, revenus rachitiques et décolorés, doivent reprendre peu à peu leur composition, comme les animaux que les muscles amaigris ne parviennent parfois pas à porter.

L’origine de ce phénomène a fait couleur beaucoup d’encre et a été l’objet de bien des hypothèses, parfois grotesques, émises par les érudits du continent, mais il demeure immuablement une énigme absolue. Ne reste donc que la plume des poètes et des troubadours, qui, en regardant l’horizon, chantent les récits d’une île où « la mort craint le soleil ».