Du haut d’une des collines de Lysandre, il est possible de voir le dernier mont verdoyant se finir en un dégueulis de terre noirâtre. Au-dessus d’elle, une brume stagnante et, encore au-dessus, les branches rougeoyantes du Grandilquivar, un arbre colossal de 200 mètres de hauteur.

Cette aberration de la nature, aux feuilles aussi rouges que le sang, est le roi qui règne sur ce paysage de mort. Le sol irrégulier est recouvert d’obscurité, une noirceur si profonde qu’il est difficile de s’y déplacer sans une source de lumière, même en plein jour. Des arbres calcinés se tordent dans des formes grotesques, se succédant à des monts rocailleux, des vallons humides et des poches de vie corrompues, comme la forêt d’arbres Rouges. Une odeur méphitique stagne dans l’air, accompagné d’un silence  lourd parfois interrompu par des craquement suspects. Toute forme de vie ici est monstrueuse.

Plus le Grandilquivar est proche, plus on voit apparaître des excroissances dans la terre, comme des boyaux enfouis ou des organes géants qui semblent pulser comme quelque chose de vivant.